Depuis le terrible séisme de 2010, Haïti peine à se reconstruire. En effet, à bien des niveaux, le pays parvient que très difficilement à se remettre de cet évènement tragique. Et en ce qui concerne le domaine de la santé, la population connaît depuis une épidémie de choléra dont elle n’arrive pas à se défaire. Près de dix ans après le début de cet épisode dramatique, nous faisons le point sur cette épidémie, avec François Marland.
D’où provient cette épidémie ?
Suite au séisme de janvier 2010, de nombreuses organisations internationales se sont rendues sur place afin d’y apporter de l’aide. Elles sont intervenues dans le but d’aider les populations locales principalement au niveau sanitaire, alimentaire et médical. Cependant, il semblerait que parmi ces différentes organisations, certaines auraient possiblement pu arriver sur le territoire haïtien avec des bactéries. En effet, aucune trace de choléra n’avait été constaté en Haïti depuis environ une centaine d’années. Cette maladie touche davantage les pays asiatiques et africains. Ainsi, les casques bleus de l’ONU, opérant au Népal juste avant, seraient arrivés en Haïti en apportant, avec eux, la bactérie « vibrio cholerae ».
Quelles conséquences pour cette apparition du choléra ?
Dans la grande majorité des cas de catastrophes naturelles, des soins sont très rapidement apportés aux victimes après l’événement afin d’éviter tout risque infectieux. Or dans le cas d’Haïti, les casques bleus résidant dans un camp militaire établi par l’ONU, auraient involontairement infecté la rivière située à proximité. Malheureusement, cette rivière se jette ensuite dans le plus long fleuve de l’île, l’Artibonite. La propagation de la maladie s’est donc faite très rapidement. Seulement environ un mois après le séisme, le pays connaît une autre catastrophe naturelle avec l’ouragan Thomas. Et puisque la contamination se produit principalement par les eaux usées, cela a encore favorisé la propagation de la bactérie.
Quelle évolution depuis 2010 ?
Pendant plusieurs années, la maladie s’est propagée dans toute l’île principale et dans les pays à proximité. Au total, on estime que le nombre de morts aurait atteint plus de 10 000 personnes, réparties entre Haïti, la République Dominicaine, Cuba et le Mexique. Par ailleurs, on compte plus de 800 000 personnes touchées par la bactérie. Et durant cette période, l’ONU n’a pas voulu reconnaître son implication dans cette épidémie tragique. C’est seulement en août 2016 que l’ONU s’est officiellement exprimée et excusée. Cependant, le manque de moyens sanitaires ne facilite pas l’éradication de la maladie, qui touche toujours de nombreux haïtiens actuellement.
C’est pourquoi le besoin d’aide humanitaire et sanitaire en Haïti est toujours cruciale, et cela même presque dix ans après la catastrophe. La population locale nécessite un soutien important afin de parvenir à éradiquer cette bactérie mortelle.