A travers de nombreuses études scientifiques, il a été démontré que le développement économique d’un pays passait obligatoirement par un large accès à l’éducation des moins de 15 ans. Or, en Haïti, d’après les dernières estimations, les enfants de moins de 15 ans représentent près d’un tiers de la population, soit plus de 3 millions de personnes. Parmi eux, on estime que plus de 250 000 enfants ne sont pas scolarisés. Ces chiffres démontrent que les populations locales peinent à se remettre des terribles catastrophes naturelles qui ont frappé le pays ces dernières années et que les budgets alloués à l’éducation ne sont suffisants pour répondre à un accès fiable et durable à l’éducation. Retour sur la situation de l’éducation en Haïti avec François Marland.
Le fonctionnement du système éducatif en Haïti
En Haïti, comme en France, l’école n’est pas obligatoire avant l’âge de 6 ans. Avant cet âge, les enfants ont la possibilité de se rendre dans une école préscolaire. Cette dernière a pour objectif de stimuler les enfants à travers des activités essentiellement cognitives et de nombreuses interactions sociales. Suite à ce cycle préparatoire, les enfants intègrent l’école primaire, en théorie obligatoire et considérée comme l’enseignement fondamental. Ce cycle s’étend normalement sur 5 ans et les enfants ayant effectué l’intégralité du cycle bénéficient ensuite d’une certification. Cependant, les chiffres démontrent une réalité très différente. En effet, on estime que le taux de fréquentation des écoles primaires, publiques et privées, ne dépassent pas les 65 %. Par ailleurs, seulement un tiers des enfants parviennent à obtenir la certification de fin de cycle, beaucoup abandonnent l’école avant cette dernière année. Ainsi, on observe un taux d’analphabétisme de près de 49 % auprès des 15-25 ans.
Un déséquilibre total entre éducation publique et éducation privée
D’après les derniers chiffres parus, en 2018, on considère que près de 80 % des enfants sont scolarisés dans le secteur privé. Les écoles privées sont principalement gérées par des institutions religieuses ou non gouvernementales. Ces dernières instaurent généralement des tarifs élevés, empêchant une majeure partie de la population d’accéder à une éducation satisfaisante. En moyenne, les frais de scolarité dans l’éducation privée s’élèvent à environ 150 USD. Tandis que le salaire mensuel moyen ne dépasse pas les 70 USD. Cette tarification élevée empêche de nombreuses familles d’offrir un accès à l’éducation à leurs enfants. En ce qui concerne les écoles publiques, elles ne couvrent pas l’ensemble du territoire et s’avèrent faiblement représentées en comparaison avec les écoles privées. De plus, les enseignants dans le secteur public ne sont pas suffisamment formés afin de proposer un enseignement complet aux enfants. Une majorité des enseignants ne sont dotés que d’un baccalauréat.
Des dépenses croissantes dans le secteur de l’éducation
Malgré un bilan plutôt négatif, le gouvernement haïtien a pris conscience des problématiques liées à l’accès à l’éducation. C’est pourquoi, une augmentation du budget alloué à l’éducation a été effectuée. Actuellement, près de 10 % du produit intérieur brut du pays serait consacré au développement de l’éducation publique. Un chiffre encourageant mais pour l’instant insuffisant au regard du nombre d’enfants analphabètes et déscolarisés. Ainsi, les organismes humanitaires poursuivent leurs actions sur place afin de contribuer au développement des enfants haïtiens.