Les cadres et les équipes soignantes des dispensaires communautaires de Médor et Pérodin déplorent un désengagement progressif des autorités et du ministère de la santé.
Dans cet article, François Marland revient sur les conséquences de ce changement de politique sociale.

Un processus de décentralisation

Le système des unités communales de santé fonctionnait bien et permettait de regrouper plusieurs dispensaires afin de faciliter leur coordination au niveau local. C’est ce système qui permettait d’organiser et de mettre en place des campagnes de vaccinations et des sessions de formations.

François Marland explique que depuis quelque temps, les autorités ont engagé un processus de décentralisation en remplaçant les UCS en UAS, unité d’arrondissement sanitaire. Cela signifie qu’une partie du personnel des différents dispensaires et notamment ceux de Médor et Pérodin sont amenés à s’éloigner d’eux, ce qui entraînent des dysfonctionnements au niveau de l’organisation. Nombreux d’entre eux se sentent dépassés par cette situation.

Dans un rapport établi en 2014, il est mentionné que le gouvernement a également modifié les critères de mesure de la malnutrition. En effet, les professionnels de santé devront d’abord mesurer le périmètre brachial et non plus l’insuffisance pondérale, c’est à dire le poids par rapport à l’âge. Cela est un critère intéressant pour les malnutritions aiguës. Mais ce qui inquiète les équipes soignantes, c’est le risque de ne pas pouvoir diagnostiquer les enfants qui souffrent de malnutrition chronique et de retards de croissance.

Tout ceci est regrettable car cette nouvelle organisation a entraîné une baisse importante des financements provenant de la communauté internationale.

Des alternatives peu nombreuses

François Marland rappelle qu’une majeure partie de la population haïtienne ne bénéficie pas de nombreuses solutions pour se soigner. La plupart du temps les centres de santé sont situés à plusieurs heures de marche. Et lorsque que ce dernier est trop éloigné, la population se dirige vers des charlatans qui profitent de leur misère ou au guérisseur traditionnel de leur entourage.

Ce rapport indique également qu’il est très difficile de trouver du personnel qualifié qui est prêt à s’installer dans ces régions reculées. Embaucher un médecin haïtien permet de gagner la confiance de la population haïtienne. Ils auront plus facilement confiance en lui. Les deux dispensaires ont même pu constater une nette augmentation des consultations.

Les dispensaires redoublent d’énergie et d’efforts pour trouver des solutions et faciliter l’accès au soin des populations. Le développement des cliniques mobiles a connu un succès mitigé notamment dû à certains dysfonctionnements mais reste tout de même un moyen efficace de lutter contre l’éloignement de certaines populations.